Le mois de juin est décrit dans l’hexagramme 1
Création ( M.Vinogradoff, « La marche du destin », Dervy éd.)
Elan Créatif (« Le livre des changements », Cyrille Javary et Pierre Faure, A.Michel éd.)
Dates : début juin-début juillet.
Abréviations utilisées :
M.V. : Michel Vinogradoff
C.J. : Cyrille Javary
P.F. : Pierre Faure
Représentation graphique :
En bas à droite : un germe trouve sur la terre son appui pour sa croissance.
En haut et à droite au-dessus du germe, des frondaisons. En-dessous, le signe du soleil surplombant une sorte de croix représentant les vapeurs bloquées au niveau du sous-sol.
Cette forme désigne la richesse enfouie (éléments et énergie inemployés) dans la terre. Le soleil contribue à sa croissance et à la rendre visible aux yeux de tous.
Processus
En lisant une partie du commentaire, celui dit du Jugement : « Fondamentalement favorisant. Ténacité profitable » ( C.Javary et P. Faure) ou « Création. Impulsion primordiale pleine expansion réalisation du bien germe immuable »( M.Vinogradoff), on est amené à mieux explorer la nature de l’énergie Yang : un dynamisme pur porteur de la faculté d’engendrer de nouvelles formes et situations. Mais que serait cette force sans le Yin présent lui aussi dans toutes les données existantes ? Le Yin est l’énergie qui donne la consistance aux appuis et la régularité de la nourriture nécessaire à la continuité de la croissance.
L’hexagramme 1 désigne les tendances du vivant en juin pour peu qu’on l’ait stimulé dés le début de l’été, en mai ( voir sur le site : vivre en mai). C’est une force d’impulsion, de stimulation des circonstances, destinée à en tirer parti avec opiniâtreté. Il s’agit ( C.J. et P.F.) de « déployer infatigablement une puissante propension à faire advenir ».
Au Jugement, on est invité à découvrir les quatre qualités du Ciel, définies comme énergie des saisons depuis l’âge de bronze. Sans oublier que chaque journée ou chaque processus (respiratoire par exemple) comportent leurs quatre saisons.
Au commencement, à l’est, au soleil levant est le printemps. En ce lieu, à ce moment initial, l’être ou l’action sont sous l’influence du Ciel dont ils dépendent pour leur croissance. L’inexpérience prédomine. C’est le moment où l’on peut identifier la force et la nature de l’initiative.
Au temps suivant, au sud, à l’été, on découvre ce qu’il convient de faire pour bénéficier de la puissance du soleil de la journée, de ce que l’on doit abandonner pour que naissent les formes en train d’être créées. La vitalité d’expansion est à son apogée potentielle. Interroger ses intentions et les obstacles que l’on rencontre ou met soi-même en œuvre est nécessaire.
Chaque saison ou action comporte son repli nécessaire, celui de la troisième étape : l’automne. C’est aussi le monde de l’ouest. C’est le moment où l’on regarde ce qui a été récolté et avec qui le bénéfice sera partagé. On a cueilli ce qui a poussé durant l’été. C’est aussi un temps progressif de retour vers l’intime.
Le cœur de l’intime ( le germe immuable, la nature personnelle) est plus facile à atteindre en hiver. On construit en cette saison ( ou à cette étape d’une action) la constance et les vertus appropriées qui permettent de renaître au printemps d’une façon rénovée. C’est le temps du processus, ou de l’année, durant lequel on utilise son intuition tellement on est loin de la forme extériorisée de la vie. En hiver ou à l’interne, on se prépare au renouveau.
Ces quatre processus, origine, déploiement, récolte et partage, enfouissement préparateur, sont à l’œuvre de manière inégale dans toute forme d’action, à chaque instant.
Dynamique :
L’hexagramme 1 décrit une situation ( ou la force de l’univers à laquelle on est tous confrontés à cette époque pré ou post-solsticiale) de déploiement des forces yang : activation, vigueur, dynamisme créateur, obligation de faire converger les forces, à déclencher des processus.
La fermeté, si elle entre en contact avec la souple endurance du yin permet à la créativité et à l’ardeur de s’exprimer avec justesse, sans excès. La dépense d’énergie yang est compensée par une orientation claire et un renouvellement conscient et continu de ses forces intérieures.
Le texte du YI JING décrit le mouvement ascensionnel du dragon partant du profond pour monter au Ciel. Chaque trait mutant aux différents étages décrit à chacun des six étages, six manières de donner corps sans dommages à cette force vive.
En mai, il était conseillé d’éviter l’outrance. En juin, il convient de faire preuve de modération et de prudence. L’humain, si content de voir enfin cette puissance se manifester peut faire preuve d’arrogance imprudente. Maîtriser son élan et clarifier son orientation est nécessaire chaque jour.
Les traits mutants : ils décrivent six possibilités auxquelles on est confronté. Il est nécessair de discerner si l’on est aux prises avec une ou plusieurs d’entre elles.
Trait mutant 1 :
Dragon tapi dans l’onde. Ne pas agir ( C.J.et P.F.)
Dragon tapi dans l’onde ne pas agir ( M.V.)
Pour qui sent que des forces de création puissantes, les siennes ou celles d’autrui, sont à l’entrée d’une situation, il convient de reconnaître qu’elles sont plus virtuelles que réelles. En tout cas trop inexpérimentées pour
s’exprimer créativement. En retenir encore un peu l’expression est profitable.
Trait mutant 2 :
Dragon visible dans le champ. Profitable d’aller voir quelqu’un d’envergure ( C.J.et P.F.)
Le dragon apparaît dans le champ opportune entrevue avec le grand homme ( M.V.)
Si le dragon est déjà empli de forces, qu’il devient visible aux yeux de tous et possède assez de consistance pour s’expandre dans toutes les directions ( un champ a quatre côtés) tout en se régénérant au fur et à mesure ( quatre côtés = quatre saisons), il convient quand même de se confronter à plus avisé que soi. Plus avisé veut dire : ayant une vue d’ensemble. Si le dragon voit le champ, il est aussi visible de loin et donc de plus haut. Etre visible dans un champ, ou le découvrir, ne veut pas dire avoir une hauteur de vue suffisante pour déployer le potentiel de ses forces sans dégâts.
Quatre directions de croissance, c’est peut être un peu trop pour un esprit ordinaire. Demander un avis pour choisir après-coup une direction plutôt qu’une autre ou toutes en même temps est utile à ce stade.
Trait mutant 3
L’homme accompli est actif jusqu’à la fin du jour. Le soir il est comme préoccupé. Calamité .Pas d’erreur (M.V)
Le chef accompli jusqu’à la fin du jour est FERMEMENT FERME. Au soir il est encore tout vigilant. Danger. Absence de faute. ( C.J. et P.F.)
Dans cette situation, la force créative est puissante. Si le YI JING désigne la nécessité du Chef Accompli pour la mettre en œuvre et la conduire, c’est que perspicacité et délicatesse sont nécessaires quand ( c’est la fonction du 3ème trait) on émerge vers le dehors après avoir longtemps mûri son affaire. Mais si au soir, à l’automne du jour, la force d’impulsion décline, il convient de veiller à la nourrir pour tenir bon.
Etre FERMEMENT FERME ( les majuscules viennent des commentateurs) est un conseil de prudence : fermeté ne veut pas dire intransigeance et pas davantage mollesse, si l’on hésite sur la route à suivre.
Trait mutant 4
Quelqu’un saute dans l’abîme pas d’erreur ( M.V.)
Envol possible dans le gouffre ; Absence de faute ( C.J.et P.F.)
Au 4ème trait, la force est déjà visible par tous. Elle est plus qu’une simple disposition personnelle. Possible ne veut pas encore dire souhaitable, même si on brûle d’envie de s’exprimer. C’est le moment de discerner si ce mouvement d’attente est hésitation ou sage prudence. Il n’y a aucune erreur à continuer de se renforcer encore un peu avant de se faire connaître. S’envoler dans le gouffre est tout le contraire d’une chute : c’est monter vers le Ciel ( solstice oblige) à partir d’une position initiale très intériorisée, venant de loin à l’intérieur de soi.
Trait mutant 5
Dragon volant dans le Ciel. Il est profitable d’aller voir un être d’envergure (C.J et P.F.)
Le dragon flotte au vent dans le ciel. Opportune entrevue avec le grand homme (M.V.)
Rares sont les moments de vie durant lesquels on peut déployer hardiesse dans l’action, aisance dans la réalisation des projets et puissance d’activation. Mais, prudence oblige, au lieu de se gonfler d’orgueil quand cela est enfin possible, les grands anciens, créateurs du YI JING, conseillent de gagner en envergure pour manifester sa force en prenant en compte la suite des événements, peut-être même ceux qui seraient incommodés par une telle splendeur…
Trait mutant 6
Dragon excessif aura à se repentir ( M.V.)
Dragon hautain ; Il y a des regrets ( C.J.et P.F.)
Au 6ème trait d’un hexagramme, on est déjà au suivant. Le YANG est alors en excès. La connaissance des cycles qui est l’apanage des « chefs accomplis » ou des « grands hommes », rencontrés de ci, de là dans le YI JING n’ont pas été assez entendus. Le moment du repli était venu et celui qui agissait a continué de vrombir. Une telle ignorance des lois du changement engendrera bien des déconvenues.
Apres le cerf où une certaine retenue était présente la treizaine fleur va exploser l’éparpillement, les coups de folie. On voudra cacher cette dispersion en enrobant les coups de folie d’une couche de normalité. Des tentatives d’ouverture, d’offrandes…. Il y a un côté un peu du fou du roi dans cette treizaine, l’envie de couleur et de clarté font éclater les carcans. La réflexion fait défaut. On verra bien plus tard. En profiter vite et au maximum est le leit motiv . C’est dans cette 2ème moitié du mois de juin que les festivités vont abonder. Attention car chacun voudra en quelque sorte tirer la couverture à soi, se dire qu’il est dans le juste et que seule son opinion est la bonne . Le sérieux fait défaut. L’envie de tout vivre et de tout diriger ôte de la construction aux projets. Pas de stabilité. Pour bien vivre cette période avoir à l’esprit que l’axe et l’ancrage sont existants et que la fleur est comme le liseron autour du bâton. Le liseron est là mais le bâton est stable , juste embelli par ce qui l’entoure. La force sera de profiter de cette beauté tout en étant ancré. Pas question de laisser passer un temps qui peut sembler frivole, au contraire y puiser la gaieté et la lumière pour aborder les jours à venir. Se rappeler que c’est la période lézard (attention au feu qui couve). Alterner avec des périodes de méditation.
Jean-Gabriel Foucaud