Le mois de mars est décrit dans l’hexagramme 11
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Essor ( M.Vinogradoff, YI JING. La marche du destin, Dervy éd.)
Prospérité ( fluidité printanière) ( C.Javary et P.Faure YI JING, Le livre des changements Albin Michel)
Dates : début mars, début avril. Jours et nuits s’égalisent. Deuxième mois du printemps.
Dynamique : mouvement ascendant de la lumière. Augmentation du rythme et de la liberté des échanges. Sensation et possibilités de commencements et d’épanouissements possibles et inattendus.
Processus : désir de création exacerbé, d’aller vers l’extérieur. Possibilités d’expansion inattendues poussées par le flux de la vie, au-dedans comme au-dehors.
Représentation graphique : deux éléments superposés. Celui du haut représente un germe en train de pousser. Combiné au soleil, il signifie : printemps, moment de l’année durant lequel les forces accumulées dans les racines commencent à monter dans les branches et à devenir visibles. Quand les bourgeons apparaissent, la force de l’interaction yang-inn se manifeste aux yeux de tous ( sauf pour ceux qui continuent de se faire croire que cette époque de l’année s’appelle l’hiver…Peut-être détestent t’ils les légumes).
En bas de l’idéogramme, un signe désignant une des caractéristiques de l’eau printanière : la fluidité. Combiné avec un idéogramme signifiant plat, uni, il prend le sens de paix et de tranquillité.
Son sens global est grand, éminent, suprême, extrême ( C.Javary, P. Faure). Il est chargé d’exprimer la nature de la vitalité printanière. D’après ces auteurs, il est associé à l’une des 5 montagnes sacrées de la Chine, un des lieux où le Ciel et la Terre sont en relation de fluidité maximale. Les processus sacrés génèrent la fluidité et se reconnaissent à sa présence.
L’interaction fluide entre les éléments venus du Ciel et de la Terre entraîne la floraison de ce qui pousse ou voudrait pousser, d’où l’atmosphère enivrante. Au printemps, au premier temps donc, le potentiel comporte beaucoup plus de possibles que la réalité future n’en verra éclore. Leur porter procure une sensation de toute-puissance joyeuse, rare au cours de l’année.
Mars est le moment de la montée vers l’équinoxe, temps de liaison de plus en plus fluide entre Inn et Yang. L’air printanier porte à l’ivresse. Les courts-circuits entre ce qui existera, commence d’exister, n’existe plus ou continue quand même, malgré les souhaits contraires, rend la vie chaotique et légère.
Cette prescience de l’écart entre le souhaité et le réalisable engendre un sentiment contraire à l’ivresse : l’inquiétude latente.
L’enseignement du YI JING sert à permettre de donner le maximum de chances de croissance au potentiel d’une promesse de réalisation . A cette époque de l’année, tout se met en mouvement. Impossible de résister à cette puissance en œuvre dans la nature, sinon à son détriment. Mais, pas question de se laisser aller à l’ivresse de « tout est possible »…
Le dessin de l’hexagramme est un enseignement par lui-même. Les trois traits du Ciel sont surplombés par les trois de la Terre. Ce n’est pas le monde à l’envers, juste un conseil de fécondité. L’association des trois traits pleins ( le Ciel) les met en relation, du fait de leur place en bas du dessin, avec les difficultés de la pesanteur terrestre, la « réalité » : ce que l’on a tant de peine à manier. La pesanteur du Inn terrestre, présente, elle, au sommet de l’hexagramme ( trois traits brisés : la Terre) est allégée par cette position, plus aérienne. Là, le Inn reçoit air et soleil. Ainsi, tout paraît plus facile pour ce qui est naturellement lourd et lent.
Le printemps est un moment de forces puissantes à l’œuvre dans l’univers. Les humains, sans expérience de cette nouveauté (printemps : premier temps !) ne peuvent en tout cas ni modifier, ni maîtriser ce qui est en cours, car préparé dans les profondeurs obscures des nuits hivernales, des rêves, des organes profonds. Au mieux, peuvent t’ils l’accompagner.
Cet enseignement se rencontre au long des 6 traits mutants. Ils désignent tous une situation particulière à laquelle, ou auxquelles car les humains peuvent vivre simultanément sur plusieurs plans, chacun est confronté. A chaque étage est présent un enseignement désignant une façon optimale de s’adapter au cours des événements.
Le printemps est le moment de l’année durant lequel est perceptible l’échange entre ce qui part et ce qui arrive, déjà là, mais pas vraiment encore. Seule la capacité humaine à relier le pouvoir germinateur de la Terre et le souffle créateur du Ciel, ( psyché, âme) permettra un essor fluide et bénéfique des formes et actions émergentes.
1er trait mutant : Arracher des roseaux à racines enchevêtrées. Chacun selon son espèce. Ouverture pour des expéditions ( C.J. et P.F.).
Arracher les roseaux aux racines enchevêtrées cela se fait selon le genre. En voyageant bonheur ( M.V.)
Ce qui pousse avec vigueur est encore porteur de formes indistinctes, incertaines quant à leur devenir. Un projet peut en cacher un autre, bien meilleur et trois se terminer en un quatrième, de sens contraire. Le but de l’activité est d’éclaircir les questions en établissant des distinctions claires. Ainsi ce qui a de la force ne connaîtra pas d’obstacles à la croissance, à condition de savoir découvrir des analogies( chacun selon son espèce), au-delà des apparences. En agissant ainsi avec une grande vigueur ( C.J.et P.F.), on augmente ses chances de succès.
2ème trait mutant : Supporter l’immensité fruste et déserte. Passer à cheval le gué de la rivière. Ne pas s’éloigner de ce qu’on laisse. Les compagnons disparaissent. Atteindre au niveau supérieur par un agir au Milieu Juste. (C.J. et P.F.)
Prendre en compte l’inculte. Agir en traversant la rivière à gué. Ne pas s’éloigner ni oublier. Les amis disparaissent. Obtenir l’estime en faisant route au centre.( M.V.)
Si l’on est amené à aborder des domaines vraiment nouveaux (immensité) ou à donner place aux forces en état de croissance saisonnière, il convient d’éviter de faire des impasses, y compris sur ce que l’on cherche à mettre de côté. C’est le moment d’examiner ses relations et ce que l’on veut privilégier ou éviter. Ainsi pourra t’on discerner si l’on se prépare à faire de sa vie une « immensité fruste et déserte ».
Le gué difficile à franchir, symbole de ce que l’on quitte en laissant derrière soi, des compagnons peut-être déçus par des décisions qu’ils désapprouvent, est la preuve du courage. Ce mouvement sera juste, si sans se jeter imprudemment dans une aventure sans issue, en étant accompagné d’une mise en œuvre habile des forces de croissance dans un contexte difficile. Cela étant plus méritoire que de continuer à oeuvrer sur un terrain déjà connu. Les circonstances peuvent l’exiger, comme on peut l’exiger de soi.
Franchir un gué réclame d’être sagace pour découvrir le passage du moindre danger.
La route du centre ou le Milieu Juste est la quête d’une attitude juste et centrée, impartiale et objective.
3ème trait mutant : Pas de plaine sans côte. Pas d’aller sans retour. Présage de difficultés absence de faute. Pas de crainte à avoir sur l’onde porteuse. Bonheur vers les aliments (C.J. et P.F.)
Pas de plaine sans versant de colline. Pas d’aller sans retour. Constance dans la difficulté, pas de critique. Pas de chagrin au sujet de sa sincérité. Dans la nourriture il y a prospérité.(M.V.)
Toute situation, toute action contient des phases d’expansion et de repli. Sans cesse, en mars, il convient de se ressourcer et de se rappeler d’où l’on vient et pourquoi a lieu ce qui se renouvelle pour éviter de perdre le fil de sa vie. S’il y a des difficultés, le YI JING invite à se surpasser, à éviter de se poser 1000 questions. Ce qui a lieu à ce moment de l’année est soumis à ce rythme. La satisfaction (bonheur et prospérité) viendra de la liaison de l’effort humain et de sa liaison avec le Ciel.
4ème trait mutant : Virevolte et voltige. Pas d’enrichissement par les voisins. Pas de mise en garde et ainsi onde porteuse. ( C.J. et P.F.)
Voletant de-ci de-là. Sans abondance par son voisinage. Ne pas prendre garde en étant sincère. ( M.V.)
Il peut-être tout à fait agréable de virevolter et de se penser plus libre qu’on l’est, le printemps peut se prêter à cela. Il vaut mieux, à cette époque, parfois laisser venir que de s’engager activement. Découvrir vers quoi l’on est porté spontanément peut aussi être preuve de sagesse en mars. Cela peut aussi être interprété de manière différente : si les forces de vie prennent un tour inattendu et vigoureux et que tout au-dehors résonne en écho favorable, il convient de l’accepter joyeusement.
5ème trait mutant : Le souverain Yi marie sa cadette causant ainsi une heureuse félicité. Fondamentalement ouvert. (C.J. et P.F.)
Le souverain yi marie la cadette ainsi prospérité par le bonheur initial. (M.V.)
Cette image de mariage est une métaphore désignant la plénitude de l’ « essor ». Il est dû à la liaison heureuse et féconde de forces de natures différentes assurant la prospérité et la durée (mariage) des actions entreprises. L’essor, à son maximum, est reconnaissable à la multitude de possibilités de développement devenues visibles.
6ème trait mutant : Le rempart fait retour au fossé. Ne pas employer l’armée. Depuis son propre fief proclamer mandat. Présage de gêne. (C.J. et P.F.)
Le rempart retourne au fossé. Ne pas utiliser l’armée. Sa propre ville est avertie et mandatée. Regret de la constance. ( M.V.)
Il est des situations de vie, saisonnières ou non, dans lesquelles forces créatives et réceptives cessent de se féconder. Si l’échange se fane, inutile d’employer l’armée : cela ne sert à rien dans ces circonstances. Au lieu d’aller vers le dehors, il convient de faire retour vers soi (propre ville ou mandat ). Reconstituer ses bases doit précéder toute confrontation avec autrui.
Jean-Gabriel Foucaud